Paris Boulevard St Germain l'appartement de Carlos

*
Un aigle volant au dessus d’un canyon dénudé, rouge sang, veiné çà et là de fins liserés violacés se mêlant par endroit à l’embouchure d’un piton rocheux…Silence de l’air qui glisse sur les plumes , un œil perçant qui scrute le sol…Terre aride où se cache encore la proie apeurée…

Un cri strident et le voilà comme un point tournoyant dans le ciel…

Les falaises du canyon comme des murs infranchissables, et ce sentiment de solitude, de n’être rien d’autre qu’un gain de sable, pourquoi pas la proie de l’aigle…
Marcher encore et toujours, le grès rouge, acéré qui entre dans la chaire de ses pieds nus …La gorge brûlante, au goût saumâtre, et les yeux ternis par l’ardeur du soleil…

Marcher encore sur la terre rouge, marcher sans s’arrêter, en espoir de quelque oasis miraculeuse…

L’aigle maraude dans le ciel, décrivant des cercles, symboles magiques de l’éternité, de la mort… Ange, ou démon ? Rapace surement…

Un éclat de lumière…Là haut sur le contrefort, un éclat comme un phare salvateur le guidant vers le rivage ombragé… Sa course en haute mer désertique, lui, subissant les assauts de vagues hautes comme des monceaux de cathédrales empilées, sa course s’achèverait à l’abri de la lumière…L’aigle devrait trouver une autre proie…

L’éclat de lumière comme une étoile qui grandissait, blanc de loin, irisé, bleuté en l’approchant…Sa main qui s’approche à presque toucher l’étoile tombée sur terre…Ses forces l’abandonnent…Il ne peux crier sa rage tellement ses lèvres parcheminée de sel le font souffrir…Sa langue est muette, collé par une salive épaisse…La main, le signe de la main comme un appel au secours, que la lumière le sauve…

Autour de lui, le ciel comme la nuit, une nuit sans étoile, sans lune…Le silence, rien que le silence…Juste un instant voir quelques stries légèrement bleutées qui s’enroulaient et se déroulaient dans le ciel…Une douce lumière encore qui n’éclairait pas, n’aveuglait pas….Un halo bleuté…Une forme qui se dessinait…Des ailes, une tête, cette tête….L’aigle…

Rester immobile, ne pas succomber à l’œil du rapace…

L’oiseau baissa ses ailes, tourna la tête, comme si il attendait quelque chose… Une seconde lueur, toujours aussi bleue au milieu de lignes qui se condensaient d’avantage en un seul point du ciel…

Une chevelure argentée, et des petits yeux clairs et pétillants… Un visage taillé à la serpette, aussi ridé que l’était ce canyon…il en reconnait les traits… Indien…quelle nation ?... avant qu’il n’aille plus loin dans ses interrogations, l’indien tend sa main… Il reconnait cette forme…Un Piège à Rêve…L’indien lui fait signe de le prendre…Il ne peut qu’accepter…

Pas d’eau !!!!... Juste un Piège à Rêve !!!...Un Piège à Rêve comme consolation de sa traversée du désert !!! Le ciel s’assombrit de nouveau…Les lignes disparaissent…

Quelques traits fluorescents strient en en éclair les ténèbres…se mettent en place…dessinent des formes géométriques… 01: 45…

*


Carlos émergea doucement de son rêve...Sa bouche était sèche, pâteuse…01 : 46…Encore un peu dans les vaps…Son esprit ne se perdit pas…Piège à Rêves… Piège à Rêves…

Il bouchonna un peu son oreiller…Il avait chaud…Pourtant il sentait bien un air léger qui s’engouffrait dans l’entrebâillement de la fenêtre…Boire un coup !!!!
Pas le temps d’enfiler son short en plus il était crade…

Quelques pas pour traverser la chambre, longer le couloir dont le parquet craquait doucement sous ses pieds…Enfin, enfin une oasis qui ne s’envolerait pas, et là comme un ami fidèle, le frigo abritant sa maitresse préférée…

Juste un ronronnement … quelque chose d’apaisant que ce chant du frigo…La porte s’ouvrit, illuminant la robe dorée de cette mexicaine glacée…Juste une caresse du bout des doigts et la voilà qui s’écoulait en lui…

Un moment juste calé contre la porte du frigo, son corps emmagasinant un peu de d’air froid…Encore quelques bécots à sa maitresse qui n’avait plus de robe, juste un corps sans vie…Un amour éclair, mais quel amour… Elle finirait prés de ses sœurs, sur la table de la cuisine, comme des trophées oubliés…

Piège à Rêve… Ces mots lui revenaient sans cesse…Il secoua la tête…

*…Rien qu’un rêve sans importance…*

Sa visite au pôle nord s’achevait… Le bateau de ses nuit attendait de rompre ses amarres…Encore quelques heures avant de reprendre le collier…

Sur le retour d’escale, il passa par le bureau de son père. Un bref coup d’œil…Une lumière rouge, clignotante, attira son attention…Il avait des messages…

*-Pffff demain alors….Ils attendrons* pensa t-il…

Une petite gratounette sur ses fesses dénudées, et il se dépêcha doucement de regagner son lit….Un coup d’œil sur le cadran de la pendule…

-Ok, Encore quelques heures pour récupérer du décalage horaire…

Le reste de la nuit avait été plutôt sereine…

Le boulevard Saint Germain bourdonnait, signe d’une intense activité, et cette odeur acre qui s’engouffrait entre les battants de la fenêtre annonçait une journée chargée en embouteillages divers…

Les voilages dansaient doucement sur l’air cacophonique de quelques sonneurs de Klaxon…

Il ouvrit difficilement un œil, puis l’autre, un bref coup d’œil au plafond, pour s’assurer qu’il était bien revenu dans ce monde…

Se lever, encore un effort, quelques courbatures certainement dues au long voyage qu’il avait fait…

Encore une minute de répit, là sur le moelleux du lit, encore une minute de répit, assis la tête encore somnolente, les cheveux égarés qui ne voulaient pas subir la disciplines de ses doigts …

14 :17…Le réveil était impitoyable…Gardien du temps qui s’écoule, il fixait les règles, et gare au passager qui louperait sa correspondance…

14 :18, les petits points entre les chiffres clignotaient comme autant de signaux d’alarme, hypnotiques, comme deux yeux verts rivés au fond des yeux de Carlos…

-Mouais, mouais… grommelât-il en mettant sa main entre lui et ce regard perçant du réveil… Ok, Ok, on y va…

Dur réveil, perdu entre le souvenir d’un rêve étrange, et le goût amer laissé par sa maitresse de verre…


Il se dirigea vers la salle de bain …Le miroir impitoyable lui renvoyait l’image d’un homme usé…Salle tronche ! Salle tronche qui annonçait une mauvaise journée, humeur grise…comme chaque fois qu’il revenait de voyage…

La douche coulait...Laver la grisaille du matin pour qu’il renaisse frais comme un nouveau né…

Il passa sa main sur le menton…Encore un peu et la longueur de sa barbe ferait de lui un impétrant idéal pour la légion…

*Faudra que je la coupe une bonne fois pour toute…* se dit-il en faisant son cône de mousse au creux de la main…

Derrière le rideau de la douche, une cascade brumeuse, un massage aux mil goutes qui piqueraient tout son corps l’attendait…Un moment, le temps en suspension, les pensées oubliées…Rien que le son des gouttes qui frappaient son corps…

Enfin réveillé, une serviette autour de la taille, il se dirigea vers le bureau...Le concierge électronique avait des messages à lui remettre…


Rembobinage….Lecture…

-BIIIPPPPP….Salut c’est Nick…Quand tu rentres… appelles moi, ça urge !!!....
-BIIIPPPPP….Bonjour monsieur Denacasta, c’est pour vous dire que vos tirages sont prêts…Vous pouvez passer les prendre dés votre retour…
-BIIIPPPP…Shooter, putain … t’es pas encore rentré ? Arrive mec…On a besoin de toi…. !!!

Carlos resta impassible… Qu’elle urgence pouvait bien mettre Nick dans tous ces états ? Certainement encore une de ses combines foireuses…

-BIIIPPP… Carlos…. Si c’est une gonzesse….Décroche !!!!! Je sais que tu es rentré du Mexique !!! Merde, vire l’hôtesse…quand même…pour les nanas… et après tu va me dire que c’est le décalage horaire… enfoiré…. enfin… magne toi le train, j’ai quelque chose pour toi à l’agence…
-BIIIPPP…C’est encore moi…Si t’es pas à l’agence avant 17 :00 … j’envoie quelqu’un d’autre…

Qu’est-ce qu’il avait Nick aujourd’hui ? Carlos ne s’en souciât pas plus… 17 : 00… Aujourd’hui à l’agence… Il avait encore un peu de temps devant lui…


Piège à Rêve…Piège à Rêve….Ces mots revenaient sans cesse dans sa tête…Piège à Rêve…Oui…. Il se souvint de ce que c’était…Une sorte d’objet magique confectionné par les shamans indiens…Avec ce truc prés de soi, toutes les nuits devaient êtres paisibles…Aucun démon ne pouvait franchir ce piège…Aucune force malveillante ne pouvait torturer le dormeur, le rêveur…

Encore un truc pour touristes pensât-il en grimaçant…Y’a bien que les mômes qui peuvent encore croire à ces balivernes de croque-mitaines et autres elfes malfaisants…

Il se dirigea vers la chambre… Son sac de voyage était posé sur le sol…Et posé sur le fauteuil, bien calé, son Leica…et quelques rouleaux de pellicules derniers témoins de son passage au Mexique…


La serviette glissa contre ses cuisses…Il ouvrit son sac…Chiffons, et sueur… rien de bien à se mettre sur le dos pour rejoindre l’agence…
Une brève incursion dans la penderie, enfiler un jean potable, un tee-shirt neutre…Il était prêt pour rejoindre la foule délirante de ces parisiens toujours pressés… Nick le premier…

Il décrocha le téléphone, composa le numéro d’une compagnie de taxi…

-Oui... bonjour... Je voudrais un taxi pour le 54 boulevard Saint Germain…Oui, l’adresse de destination ?... 19 Rue Hegesippe Moreau … dans le 18 ème…Quinze minutes ? Ok ca marche…

Quinze minute de repos…Ne rien faire…L’endroit le plus reposant, le bureau, le bureau de ses parents…Quiétude, comme si leurs âmes étaient encore présentes, bienveillantes…Il s’assit dans le fauteuil de cuir de son père…Droite, gauche, pivotant sur son axe, comme un manège qui le berçait… Quinze minutes de repos…

Piège à Rêve… Piège à Rêve….cette maudite phrase qui ne s’en allait pas de son cerveau…Piège à Rêve…

A gauche toute, et le manège s’arrêta brusquement quand ses yeux furent attirés par ce cercle qui pendait au mur, légèrement dissimulé par quelques gravures des portes du soleil…

Il se leva du fauteuil et se dirigea vers l’objet…Piège à Rêve…Ici chez lui, un piège à Rêve…Une trouvaille anthropologique qu’avaient surement ramenée ses parents…

Etrange nasse aux symboles muets pour lui… Cette petite chose qui devait avoir tant de pouvoir que chaque indien en avait une accrochée au dessus de sa couche…Un si petite babiole magique…Et tant de pouvoirs ?...Une nasse aux lignes incurvées comme une rosace, des lignes qui se croisent qui se nouent entre elles laissant un espace…


Quinze minutes à perdre et une petite énigme à résoudre…

Ce que ce siècle avait de bon était la technologie mise au service du savoir…


L’écran du PC s’alluma…L’adresse du moteur de recherche… Piège à Rêve… Des images, quelques informations sommaires…Une, des légendes…



« Les pièges à Rêves, ou capteurs de rêves étaient utilisés et fabriqués par plusieurs tribus amérindiennes en Amérique du nord. Les Sénécas, Navajos, Pawnees, les Sioux des plaines du Canada ainsi que les Objibwas connaissent tous le cerceau de roseau tressé. Au Canada, ce sont les Chippewa aussi appelés Objibwas qui sont à l'origine de ce petit objet rond.

L'anthropologue Frances Densmore, qui a travaillé avec les Chippewa au début du siècle dans les régions du Minnesota, du Wisconsin et de l'Ontario, écrit que de petits objets représentant des toiles d'araignées étaient accrochés aux portes bébés et qu'ils étaient connus pour attraper les mauvais rêves et les mauvaises pensées. Bien qu'ils soient généralement de forme ronde, certaines nations amérindiennes les fabriquaient en forme de "goutte". Cette forme se retrouve notamment chez les Iroquois. Les capteurs de rêves que Densmore décrit dans son livre avaient environ 3 ½ pouces de diamètres et étaient tressés d'une toile en fibre d'ortie ou en tendon animal qu'on teignait ensuite en rouge à l'aide de l'écorce de pruniers sauvages. Il est intéressant de noter que le tressage des capteurs de rêves observés par l'anthropologue au début du siècle est différent du tressage que l'on retrouve communément dans ceux d'aujourd'hui.

Comme la plupart des objets traditionnels, les capteurs de rêves ont subi des modifications importantes au fil des ans et des siècles. Selon les écrits de Frances D. au début du 20ème siècle, la fibre d'ortie et les tendons ont été remplacés par les fibres d'autres plantes puis, plus tard, par des matériaux synthétiques. A l'arrivée des Européens, les perles de verres sont venues ajouter une touche de couleur à cet objet qui allait devenir un symbole de l'identité autochtone. Glissées sur des lacets de cuir, les perles de verre ont d'abord servie de décoration puis on y a inséré des plumes pour "guider les bons rêves" sur le dormeur. Mais il n'y a pas que l'aspect esthétique qui se soit modifié. Plusieurs croyances se sont aussi greffées au capteur de rêve et certaines personnes l'utilisent même pour lire l'avenir !!! Au départ, il ne s'agissait que d'un filtre pour empêcher les cauchemars de venir troubler les enfants qui dormaient.
Les Objibwas racontent qu'une araignée appelée "Asibikaashi" protégeait les enfants de la tribu en tissant sa toile au dessus de l'endroit où ils dormaient. Les mauvais rêves, les mauvaises pensées et les mauvaises vibrations restaient accrochés dans la toile et étaient détruis par le soleil du matin. Au fil des années, la tribu grandit et les Objibwas ont dû se dispersés sur leur territoire. Comme l'araignée n'était plus capable de visiter tous les wigwams elle demanda aux femmes de la nation de l'aider dans sa tâche. C'est ainsi que l'on vit apparaître le "capteur de rêve" que les femmes tissaient dans un cerceau de bois à l'aide de fibres végétales ou animales.

Une autre histoire tend à expliquer la tradition du piège à rêves chez les Ojibwas, celle d'une femme sioux dont l'enfant était torture par de mauvais rêves. Ne sachant que faire, elle alla s'enquérir d'une solution auprès de la femme araignée. Cette dernière lui donna le conseil de fabriquer le cercle éternel à partir de branches de saule et un filet de vie à partir de fils de coton. Depuis ce temps, le piège à rêves sert à nourrir la joie de rêver et la joie de vivre.

Chez les Micmacs, ont dit qu'une grand-mère qui cousait des vêtements dans la lumière tamisée de son wigwam entendit une petite voix qui pleurait dans un coin. Elle leva les yeux et demanda: "Qui est-ce qui pleure et pourquoi pleure-tu" La petite voix répondit : "Ici, c'est moi grand-mère..." La grand-mère leva les yeux et aperçu une petite araignée. "Je pleure, parce que tout le monde à peur de moi. Ils disent tous que je ne sers à rien. La grand-mère fût bien peinée d'entendre ce que l'araignée avait a dire. Elle lui répondit : Eh bien, je crois que je peux faire quelque chose pour toi. Dorénavant, quand tu tisseras ta toile au-dessus de l'endroit où l'on dort, les mauvais rêves resteront pris à l'intérieur et détruit par le soleil, ainsi, on ne fera plus que de bons rêves.... »


* Pour les enfants …Un conte pour les enfants…*


Il éteignit l’ordinateur… il n’était plus un enfant, mais un homme d’âge mûr, qui savait se défendre de toutes adversités, et un rêve, fût-il mauvais, cauchemardesque, ne restait qu’un rêve, une illusion, comme le temps qui filait et qui allait lui faire louper le taxi…

précédement...

Quelques heures de repos, un sommeil étrangement tranquille, comme si Carlos devait se préparer à vivre une journée marathon…

Paris s’était déjà ébranlé et les artères déversaient son flot quotidien de sève de métal à l’odeur putride…Et comme chaque jour ce murmure, qui feutrait entre les lourds rideaux de sa chambre, finissait par le sortir de sa torpeur…

Encore quelques minutes pour que ses souvenirs se remettent en place…Carla, Weismann, les chiens, et Nick…

putain de soirée… pensa t-il en grimaçant rien qu’à la pensée de ce qu’il aurait pu advenir de son ami Nick…

Puis les paroles Franz lui revinrent en mémoire…Ce projet Horus, et puis son père…Son père, qu’avait-il donc à voir avec le projet Horus ?

Il ne l’avait jamais entendu mentionner un quelconque projet de ce nom…
Juste quelques légendes au sujet de la divinité Egyptienne, une légende que tout le monde pouvait connaitre… de là à faire état d’un projet en relation avec le dieu…


Il ne poursuivit pas plus avant dans sa cogitation matinale… juste une pensée pour son ami…

Il décida en fin à se tirer de dessous les draps tirebouchonnés, se dirigea vers la fenêtre occultée par l’épais rideau de velours, l’écarta légèrement et contempla un instant le balais incessant des fourmis Parisiennes…

Le monde tournait comme à son habitude, inconscient des complots qui se tramaient, inconscient des quelques projets les uns plus fous que les autres, savamment cachés aux yeux des non initiés…Et lui être humain de base, qu’avait-il à faire dans une histoire pareille ?



Une bonne journée ne devait pas commencer sans qu’une visite ne soit rendue à ses fidèles maitresses, celles qu’il savait trouver au rendez-vous, sagement alignées dans la fraîche ambiance du frigo de la cuisine…

Il s’avala deux Despé d’une traite…laissa échapper le rot béat d’un nourrisson gavé, puis se dirigea vers la salle de bain…

Devant la glace, le visage gris d’un homme ayant peu dormi, et cette barbe qui ne cessait de le rendre plus fatigué qu’il en avait l’air…Ses yeux se portèrent vers le rasoir sagement au garde à vous dans le verre posé sur la tablette…Il s’en saisit, de l’autre main, la mousse à raser…décidé…
La barbe drue et enneigée, le rasoir prêt à faucher ce postiche de vieillesse…décidé…

Biiipp, Biip, Biiippp

-Non de dieu…j’y arriverais jamais….Voilà, voilà…

Il n’eut pas le temps d’essuyer la mousse de son visage, se précipita sur le combiné et décrocha…

A l’autre bout… un silence qu’il sentit comme pesant…un souffle, comme un murmure lointain…Il se décida enfin à demander qui se trouvait à l’autre bout du fil…

-Allo ?.... allo ?....

-Herr Denacasta ?...

-Franz… ??? Mais…qu’…

-Ne parlez pas, ne m’interrompez pas Herr Denacasta…Je veux juste vous donner des nouvelles de votre ami Nick…

-Non de dieu…Nick…mais…

-…Si vous tenez à revoir votre ami Nick…écoutez sans m’interrompre…

Carlos tira le fauteuil près de lui et se laissa tomber dedans…

-..Vous ne pouviez pas ne pas accepter mon offre Herr Denacasta…et je ne peux faillir à la mission qui m’a été confiée pour le bon aboutissement du projet Horus…Il vous reste deux jours pour vous rendre au Caire et retrouver votre ami Nick en parfaite santé…Passé ce délai…Vous regretterez de ne pas lui avoir dit adieu !!!

-…Bande de fumiers…

-..tsss tss tss…Mein Herr…Evitez donc de vous laisser aller à de vulgaires insultes…Alors ? Je peux compter sur votre pleine entière et gratuite participation ?...

Un instant, Carlos ne sut que répondre…Jamais il n’aurait pu imaginer que le cinglé de frisé faisait partie d’une quelconque mafia…Juste un moment pour échafauder un plan, pour pouvoir sauver Nick…

-…Herr Denacasta ?....Vous êtes toujours là ?

-P’tain bien sur que je suis là espèce de maboul de teuton…passez moi Nick que je m’assure que tout va bien pour lui !

-…Keine problème…Hans… fais venir notre ami ici….Un petit moment bitte Herr Denacasta…votre ami Nick… disons que il s’est bien débattu lorsque nous avons voulu lui faire comprendre qu’il devait nous suivre sans résistance… vous comprenez…

Carlos devint aussi blanc que la mousse se trouvant sur sa barbe…

-…Carlos…Carlos… c’est moi… C’est Nick…bon dieu…sont…

Franz arracha le combiné des mains de Nick…

-Voilà mon cher Carlos…Nick va pas trop mal… il ne tient qu’à vous que son état n’empire pas… je compte sur votre présence au Caire dans quarante huit heures…passé ce délai…disons que nous ferons en sorte que vous preniez la place de votre ami Nick…

Franz raccrocha, laissant Carlos pétrifié par un sentiment de colère, de peur…Il jeta violement le combiné sur la table…

-…Enfoirés d’illuminés de mes deux… !!!! Le Caire…bon dieu… Seulement deux jours pour arriver là bas…

Il se précipita vers le bureau, alluma le pc et consulta les agences de voyage pour trouver un vol directe pour Le Caire…Un départ le lendemain, Roissy neuf heure…Passe sa commande en ligne, et s’affale dans le fauteuil du bureau sa tête entre ses mains, cherchant à se concentrer sur la manière dont il allait les sortir Nick et lui des griffes de Weismann…

Devant lui, juste une demi-journée pour élaborer un plan…

*Horus, Horus…. Projet Horus…* ces deux mots raisonnèrent dans sa tête sans qu’il ne pût trouver une solution au problème…
Machinalement il tenta une recherche sur le net, recherche qui le renvoyait toujours à des pages traitant égyptologie…

Peut-être que le carnet de son père lui donneraient quelques indices…

Il tourna les pages du carnet…Toujours autant de symboles incompréhensibles…Et puis une page avec la représentation d’un bas relief …l’œil d’Horus…et les rayons qui s’en échappaient…Rien de bien convainquant qui aurait pu avoir une importance capitale, une importance qui valu que la vie de Nick fut mise en péril…

Il resta quelques instants à déchiffrer les moindres détails de la représentation du bas relief sans plus s’attarder sur les quelques notes qui figuraient au bas de la page…

Son père avait griffonné quelques mots…sibyllins : porte, portail ? Le cristal rouge ? Une clef pour actionner la porte ? LL pourtant sont bleues…forces éthériques contre les forces telluriques ? Demander à TB...

Ses yeux restèrent figés sur les deux initiales : TB…TB, LL…Qui pouvait être TB ? Il ne se souvenait pas que son père où sa mère aient mentionné une quelconque amitié, ou relation de travail qui aurait porté les initiales TB…TB, TB…qui trottaient dans sa tête, sa raison avide de trouver la solution à cette énigme…Enfoncé dans le fauteuil, les yeux au plafond, priant l’esprit de son père qu’il lui vint à son secours, au secours de Nick…

LL ... Ley Lines…tout tournait autour de ces foutues Ley Lines…Qui pouvait lui en dire plus ? Il ne connaissait personne dans son entourage proche, se trouvant à Paris qui pouvait le renseigner plus avant sur les Ley Lines… et ceux ou celle qui auraient pu lui en dire plus étaient désormais dans l’autre camp, celui qui avait la vie de Nick entre leurs mains !

TB… ?

TB devait en connaitre un rayon sur tout ce qui traitait de l’Egypte et de ses mystères…Un conservateur du Louvre ? Un marchand d’art ? Un antiquaire peut-être ?...Un antiquaire…Peut-être…! Un antiquaire surement !

Une brève illumination qui le ramenait quelques jours en arrière…Le vol Mexico-Paris, et cet étrange individu qui l’avait questionné au sujet des Ley Lines…

-… Bon dieu…comment s’appelle t’il ce type ? Carnet… mon carnet…

Il sortit son précieux carnet de la poche de sa veste…Feuilleta les pages… Vide !...Pourtant il se souvenait bien que l’homme lui avait remis une carte à son nom portant son adresse et son téléphone…Rien dans le carnet !

-..Et merde… dit-il en faisant voler se qui se trouvait sur le bureau… Et merde…c’est foutu... p’tain Nick. Tes coups foireux… ca va être sans moi… !

Ses yeux devinrent rouges de colère, de désespoir… Plus aucune chance d’avoir une main garnie pour le poker menteur qu’il voulait jouer avec le frisé…Rien que lui ! Pouvait-il se rendre au Caire sans avoir quelques munitions en réserves ?

En désespoir de cause, il fouilla tous les alentours du bureau, ramassant quelques liasses de feuillets qui couvraient le sol…Vidant la poubelle de tout son contenu…Peine perdue, rien qui ne ressembla ni de près ni de loin à une carte de visite ne voulait s’extraire de la pile de papiers ….Pourtant il était assuré de l’avoir glissée dans son carnet cette foutue carte de visite !

Il excentra son domaine de recherche…un peu à l’écart du bureau...Levant une chaise, une autre…Se remémorant le moment où il était rentré dans l’appartement ce jour là…

Il récupéra sa veste et retourna toutes les poches…et enfin...Le bout de carton glissa et alla se poser sur le sol…

Un soupir de soulagement !

TB…Théodore Blauberg… !

Il se rua sur le téléphone et composa le numéro…

Longue série de sonneries…

Personne !

Il raccrocha et recomposa le numéro…

Trois sonneries plus tard…

-Bonjour…Blauberg antiquité…

-Bonjour je voudrais parler à monsieur Blauberg…Théodore Blauberg…

-..C’est moi…

-…Ah monsieur…je... excusez-moi...Je suis l’homme à qui vous avez remis une carte de visite dans le vol Mexico-Paris… je ne sais…si vous vous…

-…Vous êtes seul ?

-…Mais…oui…c’est important il faut...

-Que je vous en dise plus sur les Ley Lines…

-..En fin non… en fait non... Je ne sais pas…je …

-…Ecoutez Carlos…Il faut que nous nous voyons avant que…

-…Mais comment connaissez-vous mon prénom ?

-…Ce n’est pas le moment de me demander cela Carlos… mais disons que je connaissais très bien votre père…

- Mon père ?... Oui en fait je viens de trouver vos initiales sur une des notes de son carnet… TB… c’est bien vous n’est-ce pas ?

-..Eh bien il m’avait dit que vous étiez doué pour les énigmes…Comment avez-vous fait le rapprochement ?

-..Je ne sais pas… son carnet semble parler des Ley Lines… me suis souvenu de notre rencontre…

-..Fortuite ?

-…J’ai de plus en plus de mal à croire que les évènements sont fortuits dans cette histoire…

-…Ce doit être un des effets de ceux qui croisent les Ley Lines, sans savoir qu’ils ont une relation avec elles…

-…Ecoutez… Non…ce n’est pas le sujet qui m’occupe aujourd’hui…Je …

-…Si mes souvenirs son entiers… la page du carnet de votre père où se trouvent mes initiales… Cette page ne parle t’elle pas de l’œil d’Horus ?

-…Et bien…Si…oui justement…Et ca parle de porte ou de portail... et de forces… occultes où je ne sais quoi…

-… Mais qu’est-ce donc qui vous a entrainé sur la piste de l’œil d’Horus Carlos… ?

-…Ecoutez ...je n’ai pas trop le temps de vous raconter cela au téléphone… il faut que je sois au Caire dans quarante huit heures, et j’ai besoin de tout savoir sur cette histoire de l’œil d’Horus…

-..Au Caire ?...

La conversation entre les deux hommes fit place à un court moment de silence… chacun espérant en savoir plus de l’autre…

-… vous êtes là ?

-…Ils ont repris leurs recherches ?

-…Ils ?

-…Ceux qui vous envoient au Caire…

-Vous les connaissez ?

-…Moi oui…il aurait mieux fallu pour vous ne jamais avoir été mêlé à cette histoire…

-Vous savez donc de quoi il retourne… ?

-…Comme votre père…

-Mon père ?

A l’autre bout du fil, Théodore semblait gêné…

-Il faut que nous nous rencontrions Carlos ! Soit avant votre départ, soit… attendez…
Ecoutez… vous avez déjà pris vos billets pour le Caire ?

-Oui demain neuf heures départ de Roissy…attendez… vol 354…

-Parfait… je fais le maximum pour prendre ce vol avec vous… si par malchance nous ne pouvons voyager ensembles… retrouvons nous à l’hôtel Intercontinental du Caire…et prenez les carnets de votre père avec vous…C’est important !

- Les carnets… ok…

-Je vous laisse Carlos... Quelques affaires à régler avant ce départ… je vous dis à demain donc…

-..Heu… merci monsieur Blauberg...

-Ne me remerciez pas Carlos…cela ne va pas être une simple expédition touristique… ! À demain !

Blauberg raccrocha le premier…Carlos resta une minute avec le combiné accroché à l’oreille…Pensif…