Malte - La Vallette

ou quand il faut réécrire son post

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Ile de Gozo

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Seule

Rêve était brutalement sortie du chemin de lumière bleue.
Elle cligna des yeux aveuglée par la lumière étincelante d'un soleil de plomb.
Son cœur battait encore la chamade du stress de s'être retrouvé nez à nez avec cette créature mythique qu'était le minotaure.
Mais aussi de sa fuite éperdue, de toutes ces choses nouvelles qu'elle venait de découvrit en si peu de temps.
Elle tomba à genoux dans la poussière fine du forum antique dans lequel elle se trouvait à présent.
Elle était seule dans un décor absolument fabuleux et incongru pour quelqu'un qui quelques heures auparavant se trouvait encore dans un cimetière sous la pluie froide du Pays de Galle.
Le Heaume l'avait poussé sans relâche jusqu'ici et l'épuisement faisait trembler Rêve aussi que le choc.
Elle regarda le chapeau et revit la scène sur la colline.
Ce chevalier d'un autre temps nimbé d'une aura de malveillance noirâtre.
Ses paroles la frappèrent de nouveau de plein fouet

*Aahh !! Voici enfin l’héritière de Camelot, la protégée de la Dame du Lac...
Qui es-tu, laquais de Merlin, pour venir me voler ma promise ?*

De quoi était-elle le jouet, de quelles forces supérieures ?
Victor n’avait pas eu l'air surpris, que lui avait-il caché?
Il s'était mué en un chevalier de lumière, un protecteur qui lui avait permit de fuir.
Où était-il ?
Avait-il succombé à l'attaque du chevalier...de Mordred?
L'angoisse qui formait une boule au creux du ventre de Rêve, explosa, elle se pencha en avant et vomit se vidant de sa terreur, de sa peur de l'inconnu et du choc de voir sa vie chamboulé alors que ce jour elle enterrait sa mère.
Quand les spasmes se furent calmés, elle essuya les larmes qui avaient roulés sur son visage et se rinça la bouche avec la petite bouteille d'eau qu'elle avait dans son sac.
Elle se releva et fit quelque pas pour regarder alentour.
Sur la colline, des ruines antiques, grecques pour autant qu'elle put en juger.
En contrebas de la colline où se dressaient ces vestiges, une ville aux maison d'une blancheur étincelante sous le soleil radieux.
Plus loin la mer ajoutait sa touche bleu intense aux reflets d'argent.
Un décor sublime, carte postale de tour opérator pour une destination de rêve.
La jeune femme eut un sourire amer et enleva son gros pull de laine.
Elle se mit résolumment en route vers la ville.

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Citation :

Pays de Galles

Elisabeth avait hâté le pas par les allées du cimetière pour gagner une des porte de sortie qui donnait vers l'arrêt de bus.
Elle espérait ardemment que Victor et Rêve s'en sortent sans dommage.
La vieille dame dut s'arrêter un instant pour souffler, la main posé sur son cœur qui palpitait de manière désordonnée.
Elle n'avait plus l'age de ces émotions et des courses poursuites.
Elle sursauta quand un parapluie vient s'interposer entre elle et les gouttes qui lui dégoulinaient dessus.
Levant les yeux, elle croisa le regard amical de Falcon Meyer, en impeccable pardessus de laine grise.

Permettez Madame, Vous allez bien ?

Demanda-t-il en parfait gentleman.

Oh oui, je vous remercie...
Je me hâtais vers mon bus mais je n'ai plus l'âge de courir ainsi...
Heureusement l'âge apprend aussi à être philosophe, je prendrais le suivant !

Excusez moi mais…vous êtes Elisabeth Keith non?
Professeur à Oxford...
J'ai suivi un de vos cursus il y a plusieurs années.

Elisabeth fronça les sourcils, cherchant à se remémorer ce visage.
Elle oubliait rarement des élèves mais elle en avait eu tellement...

Falcon sourit comme s'il devinait ses pensées

Je vous pardonne si vous ne vous souvenez pas de moi, je n'étais pas très assidu et j'ai arrêté la faculté assez vite.
Mais j'aimais beaucoup vos cours!
Laissez moi vous raccompagner, mon chauffeur attend au portail.
Je m'appelle Falcon Meyer.

Elisabeth hésita et tourna la tête vers l'Eglise.
Son cœur s'accéléra quand elle vit la porte s'entrouvrit.
Elle prit le bras que Falcon lui offrait et acquiesça d'une voix chevrotante

Volontier Mr Meyer.

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Citation :

Ile de Gozo

Rêve déambulait au milieu des rue de la petite ville.
En jeans, grosses chaussures, avec son pull noué autour de la taille, elle dénotait singulièrement touristes italiens allemands et français en short et en débardeur.
Et elle n'avait pas la couleur locale: le rouge écrevisse.
La première chose qu'elle chercha fut à savoir où elle était.
Difficile de demander cela de but en blanc sans passer pour une folle amnésique.
Heureusement elle tomba assez vite sur un office de tourisme pris d'assaut par des japonais et réussit à apprendre qu'elle était sur L'île de Gozo près de Malte.
La jeune femme s'arrêta à un distributeur pour tirer un peu d'argent local .
Ensuite elle s'installa à la terrasse d'un minuscule café dans une ruelle plus tranquille et commanda un coca.
Elle téléphona à Elisabeth puis Victor mais sans succès.
Rêve fit le point sur sa situation.
On était en plein après-midi, elle pouvait peut-être espérer se trouver une pension pas trop chère qui ne grèverait pas trop son budget d'étudiante déjà solidement entamé par le décès de sa mère.
Elle termina sa boisson et demanda au tenancier dans un anglais mixé de français où elle pouvait trouver une chambre pas chère pour la nuit.
Il dut la prendre en sympathie avec son air perdu de chien sans collier et lui indiqua une adresse sur le port.
Rêve le remercia et se dirigea dans la direction indiquée.

(me dit que j'ai moins de courage que toi...)

Alors que Rêve essayait de se repérer dans le dédale des rues qui débouchaient sur le port touristique de Gozo, un coup de vent soudain fit tomber le chapeau de Victor, qu’elle avait gardé sous le bras, puis le fit rouler le long de la petite ruelle.
Chaque fois que Rêve pensait arriver à le rattraper, un petit coup de vent venait le refaire rouler un peu plus loin.
Le petit jeu dura quelques instants, jusqu’à ce que le chapeau fût arrêté par les pieds d’un jeune homme.


Grand, bien bâti, la trentaine, il était habillé avec une certaine classe décontractée. Costume clair, élégant, porté sans cravate et le col ouvert, lunettes de soleil Ferrari sur le nez… même son sourire était italien. L’aura que Rêve pouvait voir autour de lui était aussi bleue que ses yeux et la musique qui l’entourait semblait jouée par un orchestre de mandolines.

Le jeune homme se baissa souplement, ramassa le chapeau qui avait buté contre ses pieds, puis chercha du regard la personne qui avait bien pu le perdre. Il fut surpris de rencontrer le regard de Rêve, qui, manifestement, recherchait ce chapeau. L’italien s’attendait probablement à ce que ce galure fatigué appartint à un vieux monsieur à l’élégance un peu surannée (ce qui était le cas, à la vérité), mais pas du tout à une jeune femme fraîche comme une rose et jolie comme un cœur. Il regarda donc de plus près ce fameux chapeau et, comme s’il venait d’y voir quelque chose de caché à l’intérieur, eut un sourire surpris et enchanté à la fois. Le jeune homme remit précautionneusement le feutre usé dans les mains de la belle anglaise, dont la tenue de randonneuse ne parut curieusement pas le surprendre.

Buongiorno signorina. Ecco il suo capello. Che sorpreza di verder’lei qui ! Che piacere anche…

Voyant que Rêve ne semblait pas comprendre l’italien, il poursuivit dans un anglais un peu hésitant.

Bonjour, mademoiselle. Je suis le Dottore Salvatore Casanova, de Venezia. Ce chapeau est à vous, me dit-il. Je suis ravi qu’il vous ait conduit jusqu’à moi.

A la boutonnière de Salvatore, Rêve remarqua un drôle de pin’s :

Voyant que le regard de la Marcheuse se portait sur son insigne, Salvatore sourit.

Si… Je fais partie de l’Ordre de Malte. Nous… escortons les voyageurs, et tâchons de rendre les chemins plus sûrs pour les voyageurs. Je venais d’escorter un autre Marcheur jusqu’au node. Si j’avais su que vous alliez arriver, je vous aurais attendue ! Una cosi bella ragazza… Che vergogna di camminare da sola…
Souhaitez-vous que je vous accompagne jusqu’à la Commanderie, au cas où vous désireriez y loger ?

A la grande surprise de Rêve, alors que Salvatore lui rendait le chapeau, il se transforma en une casquette de base-ball.
Un coup d'oeil à gauche, un coup d'oeil à droite, l'italien vérifia que personne n'avait rien remarqué puis, toujours souriant, attendit la réponse de la jeune femme à sa proposition.

Citation :

Hésitations

Rêve sourit d'abord instinctivement en réponse à la joie naturelle que dégageait l'homme à l'accent chantant.
De l'air d'un enfant émerveillé par un tour de magie, elle reprit son ...couvre chef transformé en casquette et la vissa sur son crâne avant que la méfiance ne se réveille.
Elle recula alors d'un tout petit pas en considérant son interlocuteur.
Son aura était bleu vif, à la musique agréable, incitant à la confiance.
Elle avait pu constater que Mordred lui avait une aura noire avec une musique sombre jouée dans les graves.
Devait-elle se fier à cela ?
Ou pouvait-on dissimuler la nature de son aura et transformer une aura noire en aura bleue comme on transforme un vieux chapeau en casquette ?
Victor ne lui en avait rien dit, elle avait encore tant de chose à apprendre!
Son silence eut l'air de déstabiliser l'Italien qui lui sourit d'un air interrogateur, attendant qu'elle réponde à sa question.
Un peu d'aide n'étant toutefois pas de refus, emporta la décision de Rêve qui acquieça.

Je n'étais pas attendue en effet, c'est un évènement de dernière minute qui m'a amené ici.
Ce serait avec plaisir que je vous accompagnerais à la Commanderie.
Je m'appelle Rêve Parker, enchantée de vous rencontrer Docteur Casanova

Rêve sourit de nouveau à ce drôle de nom si connoté.
Le jeune homme fit une sorte de courbette, le regard pétillant, semblant comprendre le pourquoi de son sourire

Tout le plaisir est pour moi, Rêve.
Appelez-moi Salvatore, je vous en prie.
Suivez-moi, je vais vous conduire à nos batiments.

Rêve le suivit dans un dédale de rues charmantes et pittoresques.
Il empruntait des petits passages, raccourcis pour éviter la rue principale bondée de touristes.
En chemin, il lui montrait tel ou tel bâtiment et expliquait ce que c’était, ancien prieuré ou vestiges de colonnes romaines.
Et soudain au détour d’une ruelle, ils débouchèrent sur le port.
La mer d’un bleu étincelant aux écailles d’argent miroitait sous le soleil chaud de cette belle après midi.
Salvatore la mena à un bateau de type hors bord et l’aida à se hisser à bord.

Notre commanderie principale se trouve sur l’Ile de Malte en face.
Mais ne vous en faites pas, avec le bateau, nous n’en avons pas pour longtemps pour la rejoindre.

Rêve acquiesça et s’assit prudemment tandis que le jeune homme larguait les amarres et sortait tranquillement du port à une allure raisonnable.
Quand ils furent éloignés du port, le bateau gagna en vitesse se dirigeant vers l’Ile que l’on voyait en face.

Les lunettes de soleil au vent, Salvatore laissait le bateau filer tranquillement vers le port de La Valette. Il murmurait doucement, plutôt pour lui-même.

Allora cosi si chiama « Rêve »... in italiano si dice « Sogno ».
C’erà una canzonne cosi, quando ero un’ piccolo bambino...



L’italien se tourna un peu vers sa passagère.

Vous a-t-on déjà dit que vous aviez une aura d’un bleu merveilleux ? Un bleu des mers du sud… Turquoise…

Au vu du regard surpris de la jeune femme, Salvatore éclata de rire.

Scuse, signorina… Je suppose que vous avez l’habitude de recevoir mille compliments, mais pas forcément celui-là !

Soudain, l’italien plongea sa main à l’intérieur de son veston. Il la ressortit armée d’un téléphone portable.

Permesso, Signorina. Il faut que je téléphone pour prévenir de votre arrivée, afin que l’on vous prépare une chambre.

Voir un italien passer un coup de fil sur un portable est une expérience unique qui permet de comprendre pourquoi on a dû inventer le kit « mains libres » pour piétons.
Manifestement, Salavatore devait expliquer à quelqu’un qu’il ramenait une invitée, et que, oui, c’était une jeune femme, mais que non, ce n’était pas une petite amie à lui qu’il amenait coucher à la Commanderie.
La quantité d’air qu’il brassa avec ses grands gestes de la main durant cette conversation aurait pu suffire à faire tourner une éolienne. C’était sans aucune doute dommage qu’il n’y ait pas de webcam sur la petite vedette : son interlocuteur perdait la moitié du dialogue…
Fort heureusement, durant tout ce temps, il n’eut pas à faire de manœuvre nautique. Il y avait au moins une chose que Salvatore ne faisait pas à l’italienne : il conduisait sans se presser, comme s’il avait tout le temps.

D’ailleurs, la mer était calme, le soleil encore chaud en cette saison, et la brise marine à peine fraîche.
Pourquoi se presser ?
Tranquillement appuyé sur le dossier de la chaise du pilote, le Templier avait laissé les manettes des moteurs à mi-course, conduisant d’une main, son regard passant alternativement de l’horizon devant eux à sa passagère.

Avec le vent et l’humidité, ses vêtements lui collaient un peu plus au corps, et Rêve put s’apercevoir qu’il y avait comme une grosse bosse à un certain endroit.
Sous l’aisselle gauche plus précisément.
Suivant le regard de la belle anglaise, Salvatore eut un geste d’excuse.

Non aver’ paura, signorina, je ne suis pas un mafioso. Comme je vous l’ai dit, les Templiers sont chargés de la surveillance des chemins menant aux Nodes, des Ley Lines, mais aussi de la protection des Marcheurs.
En temps ordinaires, nous n’avons pas besoin d’être armés en permanence, mais depuis que nous sommes en guerre, à Bagdad, nous devons être extrêmement prudents.
Rassurez-vous, tout cela est légal. J’ai mon permis de port d’armes. Nous n’aurons aucun problème avec les carabinieri locaux.

J’ai demandé à ce que l’on vous prépare une chambre à la Commanderie pour que vous puissiez vous y reposer.

L’italien prit le temps de passer une main dans ses cheveux pour remettre un peu d’ordre dans ses mèches.

Et vous ? Vous êtes en mission ? Qu’est-ce qui vous amène chez nous ?
Je veux dire… si ce n’est pas indiscret…
Y a-t-il quoi que ce soit que les Templiers puissent faire pour vous ?

Il n’était pas difficile de lire dans le sourire et les yeux de l’italien qu’il serait ravi de pouvoir rendre service à sa jolie passagère.

Rêve crevait de chaud sous le soleil éclatant de la mer méditerranée.
Elle transpirait, sa peau sur son nez, ses joues et ses bras rougissaient doucement mais sûrement s'acheminant vers le coup de soleil.
Elle allait peler et d'horribles taches de rousseurs allaient émerger sur sa peau blanc-rouge, la plaie ! .
Comme elle n'avait aucun moyen de s'y soustraire, elle n'avait plus qu'à prendre son mal en patience.
Au moins la casquette vissée sur sa tête la protégeait un peu.
Elle écouta d'une oreille distraite le baragouin de l'italien au téléphone, lui jetant des coups d’œil furtifs tandis qu'elle scrutait l'horizon.
Il y avait des bateaux de plaisance qui mouillaient au large, d'autres hors bords et bateaux rapides qui allaient et venaient mais Salvatore manœuvrait de façon à toujours rester à distance.
Elle haussa un sourcil en apercevant la protubérance de l'arme de son guide et sa méfiance se réveilla de nouveau.
Qu'est-ce qu'il lui avait pris de suivre cet inconnu sur ce bateau ?
Elle était à sa merci là au milieu de nulle part... Enfin il y avait quand même d’autres bateaux même éloignés mais...
Elle pourrait plonger ?
Rêve sursauta à la voix de l'italien la rassurant en lui expliquant son rôle très terre à terre de garde du corps pour marcheurs.
Oui après tout ça se tenait...
Les hommes malintentionnés pouvaient utiliser tous les moyens à leur disposition, combat dans les ley lines comme ce Mordred ou armes à feu comme au cimetière.
Rêve se demanda subitement si par sa seule présence elle ne mettait pas en danger son charmant guide.
Sa sollicitude ne l'embarrassa que plus.

Non je ne suis pas en mission mais je...

Rêve s'arrêta, inspira et regarda autour d'elle en un geste instinctif de méfiance.
Mais il n'y avait que la mer argentée, le ciel bleu et les mouettes avec en fond la Valette qui se découpait en fond.
La ville était superbe même à cette distance avec ses remparts et ses bâtiments anciens et le dôme qui dominait le tout.
Vision idyllique de carte postale.
Elle toucha la casquette et poursuivit, mal à l'aise.

Vous avez reconnu l'objet n'est-ce pas ?
C'est Victor qui me l'a donné.
Victor c'est mon...professeur. C'est comme cela que vous dites ?
Nous avons eu un problème dans une ley lines et il m'a donné ça pour me permettre de fuir...
Je suis descendue ici par hasard.

Humm à dire vrai je ne pensais même pas que les chevaliers Hospitaliers existaient encore.
L’histoire c’est pas trop mon truc ….

Ah ça! Elle avait de sérieuses lacunes en mythes légendes et histoires anciennes et médiévales!
Un jour petite fille, elle avait décidé que croire aux chevaliers et aux princes n’apportaient que des ennuis et que les contes étaient le mensonge des adulte aux enfants pour ne pas leur dire que le monde était pourri.
Ce jour là, elle avait trouvé refuge dans l’univers abstrait des chiffres et des nombres.
Alors question mathématique, physique quantique et astronomie elle était incollable mais s’il s’agissait de donner la date de la prise de Jérusalem par l’Ordre du Temple, ou de dire qui était le chevalier au Vert Lion, elle aurait été bien en peine de répondre !

Tout semblait si calme cet après-midi. La méditerranée est une mer où l’on a toujours l’impression d’être en vacances, une mer où l’on pense que rien de bien dramatique ne peut jamais arriver.
Et pourtant, c’est bien sur les bords de cette mer que se sont déroulés des drames et des guerres, où sont nées et mortes des civilisations dont le souvenir perdure jusqu’à nos jours.

Au milieu des plaisanciers, Salvatore manoeuvrait prudemment. Déjà les mouettes survolaient la petite vedette de l’Ordre de Malte, et l’on pouvait apercevoir la jetée du port de La Valette à faible distance.
Profitant des quelques minutes qui leur restaient à bord, l’italien fit une petite présentation de l’Ordre.

è vero, l’Odre de Malte est l’héritier des Hospitaliers du temps des Croisades. Mais, pour ce qui concerne les Marcheurs de l’Ordre, nous sommes les héritiers des Templiers.
Voyez-vous, lorsque les Templiers ont été anéantis par Philipe le Bel, les biens du Temple ont été transmis à l’Hôpital. Presque tous les Templiers ont péri. Mais pas ceux qui étaient des Marcheurs et qui étaient en mission. Lors de leur retour, ils furent assez rapidement intégrés au sein de l’Hôpital et purent ainsi continuer leur mission de protection des voyageurs.

De nos jours, l’Ordre de Malte parraine des projets humanitaires dans le monde entier, ce qui est bien pratique pour nous : nous pouvons avoir un soutien logistique dans de nombreuses régions.

Après son petit discours touristique, Salvatore se retourna vers sa passagère.

Ma, dites-moi, signorina, cos’è successo ? Que s’est-il passé dans le node pour que votre Mentor vous demande de venir jusqu’ici toute seule ?

Comme je vous l’ai dit, nous avons été attaqués et j’ai dû fuir.

Pour le coup, l’italien parut changer complètement de figure.

Vous avez été attaquée !! Porca miseria ! Ma dove ? Où ça ? Qui ça ? Vous êtes blessée ? Et votre mentor, où est-il ? Il faut que vous me disiez tout, signorina : je dois envoyer des secours !

Gardant son calme, Rêve lui expliqua en deux mots ce dont il retournait.

Non je n'ai rien, Victor est resté là-bas à combattre ce monstre d'un autre temps, un chevalier auréolé de noir, Mordred.
Nous étions sur une colline au pays de Galles, comment c'était son nom déjà... Je ne sais plus! Victor espérait que nous y trouverions un abri dans une Ley Line mais le type était déjà là avec son épée et...Victor a dégainé son parapluie et m'a sommé de m'enfuir, et j'ai atterri ici...

Baissant la tête, Rêve ajouta :

Je n'arrive pas à le joindre depuis…

Le visage de Salvatore avait changé. Il était devenu en un instant sérieux et concentré. Tandis qu’il posait encore quelques questions précises à Rêve, il composait un numéro sur son portable.

Et cette colline... elle ressemblait à quoi ? Elle avait un signe distinctif ?
Pourquoi votre Mentor vous a-t-il fait entrer dans un node si dangereux ? Il n'a pas senti la présence de ce... Mordred ?
Mille scuse pour ces questions, signorina
Plus j'en saurais, plus vite les secours retrouveront votre Mentor.

Manifestement, la jeune étudiante était un peu dépassée par tout ce qui lui était arrivé aujourd’hui… Elle commençait à perdre son flegme britannique.

!!! Vous m'embrouillez Salvatore !!
Ca a commencé au cimetière ce matin...il y a eu cette apparition et ensuite le cri d'une Banshee, Victor m'a dit que nous devions fuir, que nous étions en danger et nous avons laissé Elisabeth, c'est ma professeur d'université, une Amie.
Ensuite nous avons pris la voiture mais des gens nous ont poursuivi et nous ont tiré dessus et Victor m'a emmenée à cette colline.
Et voilà.

Elle s’assit au fond de son siège, les bras croisés sur la poitrine, avec un air buté.

Ca a rapport avec Avallon et ...moi mais c'est assez confus, Victor ne m'a pas eu le temps des explications.

Salvatore comprenait qu’il ne pourrait pas en tirer beaucoup plus.

Grazie, Signorina. Nous allons faire l’impossible pour retrouver votre Mentor et assurer votre protection le temps que nous comprenions ce qui se passe.

Une fois son correspondant en ligne, il lui adressa quelques phrases simples, directes. Malgré tout, même le langage militaire a un petit côté primesautier lorsqu’il est prononcé en italien…

Il poussa les manettes des moteurs et rentra aussi vite qu’il le lui était possible dans le port.
Une fois à quai, Salvatore fit un bond assez impressionnant pour sauter sur le quai et amarrer le bateau. Puis il aida la jeune femme à monter elle aussi sur le quai, après quoi, ils entamèrent d’un pas rapide la petite ascension vers la Commanderie.

Bene, signorina, je suis désolé de ne pas avoir compris plus tôt ce qui vous était arrivé.
Une fois que nous serons arrivés, vous trouverez à la Commanderie une chambre pour vous reposer, et de quoi vous restaurer. Si vous le désirez, une femme de chambre ira en ville vous acheter une garde-robe pour compéter vos habits.
Une fois que vous serez un peu remise de vos émotions, je pense que le Châtelain et le frère Sergent voudront vous rencontrer, pour en savoir plus et, si possible, vous aider.

Durant toute la montée, Salvatore resta concentré, comme s’il écoutait quelque chose tout en marchant.
Ils arrivèrent enfin devant une petite porte qui donnait dans une ruelle longeant la commanderie, ce qui redonna le sourire à l’italien.

Ecco. Ci siamo. Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer, Signorina, ici, vous serez en sécurité.

Au-dessus de la porte, il était gravé ces simples mots : Memento Finis.

L'ombre de la ruelle fit du bien à Rêve qui n'en pouvait plus d'avoir chaud.
Le discours de l'italien la mit franchement mal l'aise et sur le recul.
A la mention du chatelain et du Sergent, son regard se fit buté et son air rebelle.
Pourquoi avait-elle suivi ce type?
Pourquoi lui avait-elle fait confiance?
Elle se maudissait de son instant de faiblesse qui l'avait fait accepter l'aide de ce charmant italien à l'accent chantant.
Maintenant elle allait devoir parler à Pierre, Paul, Jacques, s'expliquer sur des choses auxquelles elle ne comprenait rien .
L'angoisse ressurgit étouffé par une bouffée de colère brutale.
Ils allaient l'enfermer sous prétexte de sa sécurité et elle serait coinçée ici.
Elle regarda d'un air méfiant la porte du batiment et déchiffra.

Citation :

Memento Finitis

Elle avait lu quelque part que la devise avait plusieurs sens.
Mais pour le moment elle s'en foutait royalement
Elle regarda autour d'elle, cherchant une échappatoire.

C'est inutile, je ne voudrais pas déranger...
C'est gentil de m'avoir ramenée à la Vallette.
Je vais trouver un hotel et un billet de retour pour Londres demain.
Je suis sure que tout ceci n'est qu'un malentendu...

Elle recula d'un pas en coupant court aux protestations de Salvatore qui la regardait comme deux ronds de flan.

Maaaaaaaaaa signorina

Elle lui coupa la parole

Non , je vous assure mais je vais me débrouiller maintenant.
Je vous ai suffisamment causé de tracas.
Au revoir, à la prochaine, et merci!

La jeune femme savait bien qu'elle se coupait ainsi d'un gite et même d'un moyen de transport gratuit mais la liberté avait toujours un prix.
Et elle préférait se mettre dans le rouge à la banque que de subir un interrogatoire par des étrangers, elle avait assez donné.
Elle venait d'enterrer sa mère le matin même, ne pouvait-elle aspirer à être tranquille ?
Rêve remercia Salvatore et lui tourna le dos et commença à remonter la ruelle vers ce qui devait être la ville, se forçant à ne pas courir.
Elle n'allait quand même pas se comporter comme une gamine effrayée mais en adulte ayant pris une décision.

L’italien marqua une courte pause. La réaction de la jeune femme le mettait dans l’embarras, mais elle mettait surtout cette apprentie en danger : si on lui avait déjà tiré dessus, ou tenté de l’enlever, il n’y avait aucune raison que ses ennemis ne recommencent pas.
D’un autre côté, il n’avait aucun droit de l’obliger à venir à la Commanderie si elle n’y tenait pas. Les Templiers étaient sensés protéger les Marcheurs, mais pas contre leur gré. D’ailleurs, elle n’avait pas non plus été très enthousiaste à l’idée de lui raconter son aventure en détail. Maintenant, agissait-elle ainsi de manière délibérée ou bien parce qu’elle était en état de choc, le Templier n’aurait su le dire…

En la voyant s’éloigner dans la ruelle, Salvatore eut quand même un pincement au cœur. C’était juste une apprentie… Il ne pouvait pas la laisser se faire tuer comme ça.
En quelques pas de course, il fut de nouveau près d’elle.

Mille scuse signorina… Juste un tout petit moment encore avant de vous laisser tranquille.
Je ne peux pas vous obliger à venir à la Commanderie, bien sûr… Mais permettez-moi simplement de vous mettre en garde : nous ne savons pas encore qui vous en veut, donc vous êtes toujours exposée à une nouvelle attaque.
Je ne peux pas vous imposer une aide ou une protection dont vous ne voudriez pas, mais je peux juste vous inciter à la prudence.
Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me contacter.

L’italien sortit une carte de la poche de son veston, avec un sourire un peu triste et la remit dans la main de la jeune femme.
Puis, il s’écarta pour la laisser passer.

De toutes façons, il avait décidé de la suivre de loin et de veiller sur elle jusqu’à ce que les autres Templiers aient pu glaner plus d’informations à son sujet et, si possible, retrouver son mentor et son Amie.

Sur la défensive, Rêve regarda un instant stupidement la carte de visite avant de la fourrer dans la pcohe de son jean.
Elle marmonna des remerciements et s'éloigna dans la ruelle en direction du centre ville.
Sous le gai soleil de l'ile et dans cette ambiance de vacances, la pression des évènements redescendit doucement, laissant place à une immense fatigue.
Elle se rendit compte alors à quel point elle avait été crispée lorsque les muscles douloureux de ses épaules et de son cou se détendirent lentement.
Elle slalomma entre les touristes pour gagner le port où elle s'assit à l'écart sur la grève pour se reposer et reflechir.
Les jambes recroquevillées sous elle, le menton posé sur les genoux, elle avait le regard perdu vers la mer d'un bleu intense encore amplifié par de fines lignes bleues qui couraient dans l'espace.
Elle reconnut à elle même que son comportement à l'égard de Salvatore n'était guère rationnel.
Mais elle n'était pas en état de supporter des gens inconnus la harcelant pour des évènements qui lui échappaient.
Ce matin encore elle enterrait sa mère, cette pensée lui fit penser au roman de Camus, l'Etranger.
C'est comme cela qu'elle se sentait, une étrangère.
Etrangère à elle même depuis les demi révélations de Victor et celle de Mordred.
Héritière de Camelot, Promise...
Où étaient les morceaux du puzzle qui lui manquaient pour terminer de dresser son propre portrait.
Elle essaya une nouvelle fois de joindre Victor et Elisabeth sans succès.
Elle raccrocha sans laisser de message.
Un sanglot silencieux montait en elle, alors elle prit son livre dans son sac et se plongea dans l'abstrait des équations, lisses et sans émotion.
Ce fut seulement plusieurs heures plus tard alors que le soleil déclinait sur la mer, la nimbant de reflets roses or et violets qu'elle releva le nez, endolorie de sa position inconfortable.
Son nez et son cou la brulaient, elle avait attrapé un sacré coup de soleil!
Il fallait qu'elle trouve un logement pour la nuit.
Ayant aperçut un chantier en passant sur le port, où les langues du monde se mêlaient allègrement, elle s'approcha et interpella un marin visiblement anglophone et à l'accent familier.

excusez moi, vous connaissez une pension pas trop chère dans le coin ?

Le gars la dévisagea un moment avant de répondre, il n'était pas très grand pour un homme, mais trapu et musclé, les cheveux blond et les yeux clairs, l'air bonne pâte avec un sourire chaleureux.

vous êtes anglaise ... ?

galloise !

ah je me disais aussi à votre accent, je suis de Gwynned !!
Je peux vous conseiller la pension de Nina, je loge là bas et je sais qu'il lui reste des chambres.
Vous prenez la rue ici, et c'est la première ruelle à droite.
C'est petit mais propre et on y mange bien.
Dites que vous venez de ma part, Owen Llyw,

Rêve sourit, soulagée d'avoir trouver où dormir ce soir, elle serra la main qu'il lui tendait

Rêve Parker.
Merci pour l'adresse

De rien, on s'verra surement au diner dans la salle commune ce soir ?

Le ton était interrogatif et accompagné d'un sourire engageant.
Rêve hocha distraitement la tête

Surement!
A plus tard et merci !

Elle s'éloigna vers la direction que lui avait indiqué le docker.

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Le réveil sonna.
Rêve se réveilla le nez collé sur un large dos masculin.
Le Docker gallois, Owen.
La veille au soir il s'étaient retrouvés à la pension de Nina et avaient passé la soirée ensemble avec d'autres gars des chantiers qui travaillaient sur le port.
C'était une tribu cosmopolite qui l'avait accueillie avec naturel et sympathie, sans poser de question.
Ils avaient mangé puis refait le monde, plaisanté et discuté très tard dans la nuit en buvant de la bière et de la grappa.
La détente et l'alcool avaient naturellement conduit la jeune femme dans le lit du gallois, cherchant réconfort et protection entre ses bras virils.
Owen éteignit le réveil d'un geste.
L'aube pointait à peine le bout de son nez.
Il se tourna et sourit à la jeune femme qui se lova contre lui.
Ils firent l'amour une nouvelle fois, tous les deux à moitié endormis avant qu'Owen ne doive se lever pour prendre sa douche.
Il devait aller bosser sur le chantier et était déjà en retard!
Rêve quant à elle se rendormie.

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En fin de matinée, elle sortit de la pension après avoir réglé sa note sans savoir si elle reviendrait le soir.
Elle avait rendez vous sur le port avec Owen pour déjeuner et après voulait se rendre à l'aéroport pour négocier un billet pas trop cher pour londres.
Même avec la "casquette", elle n'osait pas emprunter les ley lines de peur de se retrouver nez à nez avec une créature étrange sans même parler de Mordred.
Lorsqu'elle déboucha sur le port, elle se figea, embrassant la scène d'un regard.
Il y avait des policiers et un cordon de sécurité autour de la zone de chantier.
Au sol des marques de craies, du sang.
Que s'était-il passé ?
Une horrible appréhension l'envahit et elle se fraya un passage parmi les badauds qui se pressaient autour de la zone, avides de sensationnel.
Il y avait même un reporter avec un caméraman, représentants de la télé locale
Rêve questionna sa voisine de cohue, dans un français sommaire.

Que s'est-il passé ?

Elle réussit à comprendre qu'il y avait eu une bagarre sanglante entre des dockers et des hommes louches, a priori des étrangers, avait-elle entendu dire.

Je crois que l'origine de la bagarre est une jeune femme, sans doute un crime passionnel

ajouta la femme d'un air avide de sensationnel et de pseudo romantisme à deux balles.

Un crime ?

Oui enfin...deux dockers sont à l'hopital dont un dans un état critique, un gallois.

Owen...
Son coeur se serra et elle chercha autour d'elle quoi faire.
La recherchait-on elle ?
Qui étaient ces hommes étrangers ? Et surtout où étaient-ils?
Ici dans la foule, elle était relativement à l'abri.
Elle pensait réellement avoir semé ses poursuivants d'Angleterres, avec sa fuite à travers les routes bleues.
Elle hésita un instant puis prit son téléphone portable et chercha la carte de l'italien.
Elle composa nerveusement le n° et attendit à peine deux sonneries avant que ça décroche.

Salvatore?
C'est Rêve ...
Ecoutez...est-ce que vous pouvez passez me chercher?
Je crois que j'ai des ennuis....

Ele hésita et ajouta les mots appris par la première leçon de Victor

S'il vous plait...

A peine quelques instants plus tard, Salvatore rejoignait Rêve sur le débarcadère.
Tout sourire, décontracté comme à son habitude, il adressa un salut amical à la jeune femme.

Buongiorno signorina. Che piacere... Come sta ?

Devant l’air un peu surpris de Rêve, qui ne s’attendait manifestement pas à voir arriver l’italien aussi vite, le Templier ajouta, mezza voce :

Mille scuse, signorina… Nous avons été obligés de vous placer sous surveillance dès hier. Nous ne voulions pas vous obliger à profiter de la protection de la Commanderie, mais nous ne pouvions pas non plus vous abandonner à votre sort alors que nous savions que vous étiez menacée…

Comme Rêve avait repris son petit air buté et boudeur, Salvatore eut un sourire désolé et lui dit, en manière d’excuses :

Je sais que cela peut sembler cavalier de notre part… Ma, si cela peut nous excuser un peu à vos yeux, cela m’a permis d’éviter que votre ami Owen ne se fasse tuer.
Mais venez, nous serons mieux pour en parler un peu à l’écart.

Les policemen de Malte étaient en effet un peu trop proches pour pouvoir discuter tranquillement… Aussi, Salvatore conduisit-il Rêve à la terrasse d’un café voisin, où il commanda deux capuccini.
Une fois le garçon parti, le Templier reprit ses explications :

Hier soir, j’ai laissé Angelo faire le quart de nuit devant votre pension de famille et je suis rentré à la Commanderie.

Le Frère Sergent avait lancé une mission pour retrouver Vittorio, votre Mentor. Nous ne l’avons pas retrouvé, mais nous avons de bonnes raisons de penser qu’il a pu trouver refuge en Avallon. Actuellement, nous essayons de trouver un Marcheur disponible qui ait ses entrées dans ce Monde Oublié, pour avoir de plus amples informations.

Parallèlement, nous avons essayé de retrouver votre ancienne professeur, Elizabeth, mais, là encore, nous avons fait chou blanc. Elle n’est pas rentrée hier soir chez elle et on l’aurait vu à bord d’une grosse voiture noire, sur la route de Londres.
Personne ne vous a laissé de message à son sujet ?

Salvatore laissa le temps à Rêve de vérifier son portable, et au garçon de déposer les capuccini sur la table, avant de reprendre.

Ce matin, nous avons été alertés de la présence d’un chien d’enfer, un Hellhound, près du node du Minotaure. Ce sont des créatures qui ont la capacité de pister les Marcheurs dans les Ley Lines. Mais, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne sont pas recommandables…
Aussitôt, le Châtelain m’a envoyé vers votre pension, car il semblait évident que quelqu’un vous cherchait activement… Quelqu’un avec de gros moyens…

En passant devant l’embarcadère, j’ai aperçu deux hommes qui discutaient avec votre ami Owen. Ils avaient montré une photo de vous à l’un de ses collègues, et celui-ci avait indiqué aux banditi que votre ami gallois avait passé la soirée en votre compagnie.
Ils lui ont proposé de l’argent pour savoir où vous résidiez, mais il a refusé tout net. Alors, l’un des deux mafiosi a sorti un couteau.
Le temps que le mette mon appareil photo dans la poche et que je sorte mon revolver, votre ami avait déjà été poignardé. J’ai envoyé une balle dans l’épaule de son agresseur, et les deux mafiosi sont partis sans demander leur reste.

A présent, nous sommes en train de nous renseigner, grâce à nos contacts d’Interpol, pour savoir s’ils sont connus.
Quant à votre ami Owen, le soigneur de la Commanderie est allé lui rendre visite et il m’a assuré qu’il s’en sortirait. Il semblerait que les Gallois soient des gens solides.

Avec un sourire désarmant, Salvatore s’offrit une petite pause en dégustant son capuccino, avant de reprendre, à l’adresse de Rêve qui essayait d’assimiler toutes ces informations.

Voilà où nous en sommes, signorina. Nous ne savons pas qui sont ces gens qui sont après vous, ni pourquoi ils en ont après vous, mais nous cherchons.
A présent, je vous renouvelle mon offre de venir un moment vous réfugier à la Commanderie, mais le frère Châtelain m’a demandé, au cas où vous préféreriez aller ailleurs, de vous accompagner et de faciliter autant que possible votre voyage, comme c’est la mission de notre Ordre.

L’italien fit un petit salut comique de la main à Rêve.

Allora, Signorina, sono tutto a lei. Dove andiamo ? Où allons-nous ?

[Allez on se motive, on redémarre ! ]


Où aller ? Quelle bonne question...
Rêve devait se poser et prendre le temps de reflechir au lieu de foncer dans cette fuite en avant désespérée.
Ce que lui rapportait impliquait quand même une recherche organisée et mettait en danger ses proches, elle ne pouvait faire autrement que supposer qu'Elisabeth évait disparue à cause d'elle.

Très bien, allons à la Commanderie.

Elle remit son portable dans la poche et sans toucher au cppucino se leva suivit par Salvatore qui régla la note et l'emmena vers le chef lieu de son Ordre.
Même si elle n'aimait l'idée d'avoir été surveillée, elle devait admettre que cela lui avait cette fois sauvée la mise.
Malgré cela elle ressentait un certain malaise à aller à la Commanderie.
Ils passèrent par la petite porte arrière donnant sur la ruelle et entrèrent dans le lieu si ancien baignant de lumière bleue et de musique pour les sens particuliers de la jeune femme.
La petite porte débouchait sur un chamant petit jardin, bordé d'un couloir ouvert à colonnades, petite cour sans doute réservée, à une lointaine époque, au repos des moines ou à un petit carré de simples.
Salvatore sentit-il le stress de la jeune femme?
Toujours est-il qu'il la conduisit à une chambre du rez-de-chaussée, dans l'aile réservée aux invités.

Je vais informer le Chatelain que vous êtes chez nous.
Il voudra sans doute vous voir plus tard mais pour le moment reposez vous.
Il y a quelques affaires dans l'armoire, regardez si ça vous va sinon je vous en dénicherais d'autres

Et l'Italien la salua et recula vers la sortie


Salvatore ?

oui ?

Merci

La porte se referma derrière Salvatore et elle eut tout le loisir d'examiner sa chambre.
D'environ 15 M2 avec une salle de bain attenante, elle était coquette avec ses meubles de bois sentant bon la cire et l'édredon fleuri qui couvrait le lit.
La technologie y avait aussi sa place sous forme d'une petite télé écran plan accrcrochée au mur.
Rêve s'assit sur le lit, le dos appuyé sur l'oreiller et le cadre de bois et mit en marche la TV.
Elle zappa jusqu'à tomber sur les informations montrant les images du port et de ce qui s'y était passé plus tot.
Elle écouta distraitement les commentaires en italien auquel elle ne pigeait rien et zappa une nouvelle fois pour tomber sur une chaine anglophone et un documentaire sur la Mythique Ile d'Avalon.
Tout la ramenait à ça dans un leitmotiv incessant qui gouvernait sa vie depuis la mort de sa Mère ou plutot depuis sa Vision.
Comme cela Arthur était endormi à Avalon et attendait de revenir pour redonner sa Puissance à l'Ile de Grande Bretagne ?
Le pauvre comme il serait déçu du monde actuel.
Foin des chevaliers, des belles magiciennes et de Quête sacrée du Graal.
La Vertu avait disparu en faveur du Profit.
C'était l'évolution des choses.
Rêve bailla et éteignit le poste.
Elle se sentait comme un lion en cage dans le silence serein de la Commanderie.
Elle décida de prendre un bain et se dirigea vers la petite salle de bain attenante.
L'eau coula à gros bouillons bruyants, rompant le silence religieux et elle ajouta du bain moussant posé sur le bord du lavabo.
Ca la fit sourire, en imaginant un moine se préparant le même rituel.
Encore qu'elle devait admettre qu'elle n'imaginait pas du tout les Frères Hospitaliers comme Salvatore.
Elle se déshabilla et se glissa dans l'eau chaude qui eut tot fait de la faire somnoler.
Elle glissa lentement vers le sommeil.

Il était un lac d'un bleu intense à l'eau d'une pureté incomparable.
De la Rive où elle était, Rêve voyait l'Ile et les jeune femmes qui s'y ébattaient en paix.
Elle l'appelaient de leurs rires et de leurs geste amicaux.
La jeune fille se déshabilla, laissant ses vetements à terre.
Ici la Nudité n'était pas choquante ou indécente.
Elle était naturelle, car la Nature avait ici son règne.
Rêve plongea dans l'eau fraiche et revigorante, et l'eau autour d'elle chantait.
Elle émergea et secoua la tête prjetant des miriades de goutelettes qui retombèrent autour d'elle dans un clapotis musical agréable.
Et soudain l'Ombre arriva
L'eau se fit froide et noire telle les profondeurs Abyssales
Une main de fer saisit son poignet et l'attirait vers le fond tandis qu'elle luttait, paniquée, pour remonter.
Une musique sombre résonnait en fond faite des grands orgues, de tambours de guerre, de cris d'enfants et de batailles.

toc toc toc


toc toc toc

Rêve, vous êtes là?

la porte de la chambre s'ouvrit et Salvatore entra balayant la pièce du regard.
Il vit la lumière dans la salle de bain et s'approcha vaguement inquiet sans trop savoir pourquoi.
Mais il avait appris à se fier à son instinct.
Il frappa de nouveau, à la porte de la salle de bain cette fois et plus fort

TOC TOC TOC

Le son réel du toquement sur la porte fit sortir Rêve de sa transe.
Elle émergea la tête hors de l'eau du bain et hoqueta en prenant une grande inspiration.
Pliée en deux sur le rebord de la baignoire, elle toussa et recracha l'eau ingurgitée.
Elle avait failli se noyer....dans une baignoire !

De l’autre côté de la porte, Salvatore avait entendu le bruit d’eau, la perte de respiration de la jeune femme, la toux de quelqu’un qui se noie…
Sans réfléchir un instant, il poussa la porte et vit la jeune femme penchée sur le bord de la baignoire, à demi consciente, toussant difficilement l’eau qui lui avait envahi les poumons.
Immédiatement, ses réflexes de médecin prirent le dessus et il se précipita vers elle, la sortant avec force et douceur de sa baignoire l’étendant rapidement sur le côté afin qu’elle puisse finir de vider ses poumons, vérifiant de quelques gestes rapides et efficaces sa respiration, son état de conscience, cherchant sur sa nuque les traces d’une blessure qu’elle aurait pu se faire en tombant sur le rebord de la baignoire, et qui aurait expliqué son début de noyade.

Santa Madonna, Rêve, répondez-moi je vous en prie !
Vous êtes blessée ?

Non, je ne suis pas blessée.

...

Seulement, là, voyez-vous,
je suis nue…

Comme si un ressort l’avait propulsé, Salvatore se releva brusquement, fit volte-face, et devint plus rouge qu’une pizza pepperonni.

Oh ! Scusate ! Désolé... je… je croyais…

Tout en balbutiant des excuses, Salvatore attrapa un peignoir et le tendit derrière lui, sans se retourner, en direction de Rêve.

Je… j’ai cru que vous alliez vous noyer…
Je suis désolé…

Alors que Rêve finissait de mettre son peignoir, on entendit un bruit de pas venant du couloir, et un moine entra en trombe dans la petite cellule. Il était âgé d’une bonne quarantaine d’année, semblait taillé pour abattre les chênes sans avoir besoin de forcer, et présentait actuellement sous sa tonsure un air outré, revêche et hors de lui.

Frère Salvatore !
Une fois de plus je vous retrouve dans une situation que je préfère ne pas qualifier tellement elle est indigne d’un Templier !
On ne peut pas vous laisser cinq minutes tranquille !
Filez en pénitence !

Ma, fratello Turcopole, ce n’est pas ce que vous croyez !
Je voulais juste…

Silence !

N’ajoutez pas le mensonge à la liste de vos péchés !
Filez en pénitence !
Nous verrons ce que le châtelain a à dire de votre inconduite !

Salvatore baissa les yeux et s’en fut par la porte de la chambre.

Prenant bien soin de ne pas poser les yeux sur Rêve, le frère Turcopole s’adressa à elle d’une voix quasi militaire.

Mademoiselle, je vous prie d’excuser l’inconduite du Frère Salvatore, indigne d’un homme qui souhaite s’engager dans le Temple.
Le Châtelain vous fait dire que, lorsque vous vous sentirez reposée, il sera heureux de vous recevoir au moment qu’il vous plaira pour qu’il puisse vous proposer toute l’aide que le Temple peut mettre à votre disposition.

Toujours sans regarder la jeune femme, le moine s’inclina, fit demi-tour, et sortit en fermant derrière lui la lourde porte de bois.

Avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, Salvatore se faisait gronder comme un enfant surpris à chaparder des bonbons et envoyé en punition.
Le moment de rencontrer le châtelain était venu, soit...
Avec un soupir elle regagna la chambre et fouilla dans l'armoire.
Il y avait là quelques vêtements pliés avec soin, par contre s'était difficile de trouver quelque chose à sa taille car il y avait surtout des vêtements d'hommes.
Finalement elle trouva des sous-vêtements à peu près à sa taille et une robe printanière.
Elle grimaça, ce n'était pas du tout mais pas du tout son style vestimentaire mais elle n'avait pas le choix à moins de remettre ses vêtements sales.
Elle enfila le tout et évita de se regarder dans la glace.
Avec ses grosses chaussures ça devait donner un look comment dire... spécial !
Elle poussa la porte et sortit à son tour.
Bon...
Par ou ?
Rêve haussa le épaules et prit à gauche, puis à droite et de bien entendue se retrouva perdue !
Elle avisa un frère et l'interpella

Excusez-moi ?

L'homme s'arrêta et se retourna en lui souriant aimablement.

oui? Bonjour mademoiselle.

Bonjour, où se trouve le bureau du Châtelain s'il vous plait ?

Par ici, je vais vous y conduire

Merci beaucoup

Ils empruntèrent un couloir puis un autre et s'arrêtèrent finalement dans un petit hall des fauteuils servaient de salle d'attente.
Il lui désigna une porte de bois sombre

C'est ici.
Voulez-vous que je vous annonce?

Non merci, ça va aller.
Merci beaucoup

L'homme salua et s'éloigna laissant Rêve devant la porte.
Elle était bizarrement nerveuse et se sentait gauche dans cette robe ridicule.
Prenant son courage à deux mains, elle frappa
Une voix grave résonna derrière la porte

Oui? Entrez...

Rêve poussa le lourd battant et se retrouva dans un bureau lumineux au teintes or, brun et vert.
Derrière un bureau de bois massif, se trouvait un homme, jeune encore, qui se leva à son approche.
Il ôta ses lunettes et les essuya avant de les remettre.

Entrez, entrez
Vous parlez anglais je crois

Oui c'est exact

Soyez la bienvenue dans notre établissement
Asseyez vous je vous prie

Il sourit chaudement

Vous nous avez causé bien du tracas Mademoiselle Parker
bien du tracas

Rêve rougit, que pouvait-elle répondre à ça ? C'était vrai !

Je ..euh...je suis navrée....

Rêve détailla l'homme en face d'elle, elle l'aurait imaginé plus vieux et bedonnant.
Mais la quarantaine d'année, mince et souple, les cheveux et les yeux bruns et amicaux, il dégageait un charme serein.
Sans être arrogant, il était sur de lui et des choses qui l'environnaient car les choses étaient telles qu'elles devaient être.

Ce n'est rien. (il sourit)
Je me doute que ce que vous avez traversé a du être difficile pour vous
Asseyez-vous, je vous en prie.

Rêve s'assit enfin, sur le bord du fauteuil, les pieds rentrés sous le siège et les mains posées sur les cuisses.

Vous voulez un café ?

Oui volontiers

Le Châtelain passa de derrière son bureau au bahut et enclencha la Nespresso posée dessus.
Le regard de Rêve fit le tour du bureau, simple et cossu avec ses meubles en merisier sombres, ses rideaux de velours verts et ses tableaux marins
Il y avait un PC dernier cri sur le bureau qui attira le regard de la jeune femme.
Ensuite elle regarda la bibliothèque à la vitrine de verre et parvint à lire quelque titres et auteurs, Descartes, Léonard de Vinci, Montaigne et quelques Zola également
Un philosophe humaniste ...